Ce travail se propose comme but de démontrer le contact avec l'absurdité camusienne du mythe à la lumière de la confiance fondamentale de Camus pour la pensée grecque. Les écrits de jeunesse de Camus se caractérisent par la marche hésitante et incertaine dans la mesure où s'y révèlent des tendances contradictoires qui divisent l'auteur Camus. Ce caractère assez disparat, d'une certaine manière, de toute production littéraire antérieure au Mythe de Sysiphe, se révèle également dans l'attitude de Camus à l'égard du dieu(x) et du mythe à cette époque. En fait,des mots comme dieu(x) ou mythe dans ce 'premier Camus', surtout dans Noces, sont remarquables par l'absence de sens strict. Ces voix instables qui s'accompagnent de dieu et mythe plus ou moins vides de sens tiennent peut-être à la division intérieure, c'est-à-dire l'état moral de jeune Camus déchiré par les dualités dont les termes sont irréconciliables. Dans ce contexte, le(s) dieu(x) incertain(s) ainsi que le mythe mal défini pourrait un effet du besoin d'unité de Camus. En d'autres termes, jeune Camus avait le but d'être en accord aussi étroit que possible avec le monde par la luciditéhumaine refusant l'Absolu ou la transcendance religieux. Ainsi, sa désir de 'noces' avec le monde passe par ce(s) dieu(x) ou ce mythe auxquels il fait si constamment référence tout en s'éfforçant de le(s)renier. Le mythe à cet égard est désapprouvé dans la mesure où il risque de nuire à l'accord de l'homme avec le monde. Pourtant, en tant que le fils de la Grèce, Camus depuis toujours en apprécie l'équilibre supérieur qui recherche la justice dans certaines limites. C'est ce que avec pieuse nostalgie il appelle pensée méditerranée. Cette confiance en hellénisme conduit Camus à révéler son inspiratiom artistique et philosophique à travers le mode mythique. C'est la raison pour laquelle Sysiphe avec le regard lucide peut renaître comme un modèle qui représente la condition humaine. Dans un sens, cette formulation absurde en termes mythiques marque la fin des incertitudes et hésitations touchant l'attitude de Camus à l'égard du mythe. En somme, Camus a paradoxalement atteint au mythe comme un facteur d'harmonie et d'équilibre. Ici, nous pouvons confirmer les rapports avec le mythe de l'absurde. D'abord, en ce qui concerne Sysiphe traditionnel, son travail répété et inutile implique par sa répétition la notion de l'absurde, mimer-répéter au lieu d'expliquer. Quant à l'écrivain, il en anime la doctrine par un dire répété. Deuxième rapport, c'est que le mythe est avant tout un savoir répété et transmis par la tradition ou une sorte de langage tout prêt à être réutilisé. Né de l'expérience absurde, mais peut-être d'une dualité constitutive propre à Camus, le mythe uni au mime agit nettement comme un principe à la fois actif et uniformisant chez Camus. Ce qui signifie que toute production littéraire de Camus n'est rien d'autre que le long cheminement pour retrouver et mimer sa racine mythique.