본 논문은 폴 리쾨르(Paul Ricoeur) 철학에서의 ‘이웃’과 ‘제3자’의 문제를 고찰하고 있다. 리쾨르의 ‘윤리적 목표’는 자기에 대한 마음씀, 타자에 대한 마음씀, 그리고 정의로운 제도에 대한 마음씀으로 대표된다. 이 가운데 타자에 대한 마음씀은 이웃의 문제와 연관되고, 정의로운 제도에 대한 마음씀은 제3자의 문제와 연관된다. 그런데 이 두 마음씀의 출발점이자 리쾨르 윤리 철학의 토대는 자기(le soi)에 대한 관심이다.
이런 맥락에서 우리는 리쾨르의 초기 저서, 즉 『의지의 철학』을 통해 자기 개념의 생성을 살펴보고자 한다. 그리고 자기와 이웃, 그리고 제3자의 문제를 유기적으로 고찰할 것이다. 이 과정에서 우리는 엠마뉴엘 무니에의 공동체와 리쾨르의 이웃을 비교 연구하고, 롤즈의 정의론과 리쾨르의 정의로운 제도의 교차점을 추적할 것이다. 이를 통해 리쾨르 철학에서의 이웃과 정의로운 제도 개념이 공감과 공공성의 해석학과 밀접한 관계가 있음을 밝히고자 한다.Notre étude vise à dégager le concept de la sympathie et de la publicité chez Paul Ricoeur, par la médiation du soi. Pour cette visée, d'abord, nous voudrions exposer le rapport entre la phénoménologie de la volonté et la notion de soi, ensuite, mettre en relation cette notion de soi avec la notion de prochain et de tiers ou de chacun.
Grâce à la petite éthique de Ricoeur, nous trouvons la valeur fondamentale de la relation entre le soi et l'autre(pour nous le prochain et le tiers). En ce sens, Ricoeur, dans son ouvrage principal, Soi-même comme un autre, souligne la visée de la vie bonne avec et pour autrui dans des institutions justes. Au regard de la justice, comme l'affirme Ricœur, le «soi» (ou l'ipséité) est «immédiatement structuré par l'altérité». En d'autres termes, Ricœur entend souligner que l'ipséité est essentiellement liée à sa capacité réceptive à l'égard de l'altérité, en montrant par exemple le rapport dialectique existant entre ipséité(la propriété réflexive du soi) et altérité.
Dans le cadre de l'éthique ricœurienne, on peut mettre l'accent sur le double souci de soi et des autres. Ce double souci, auquel s'ajoute celui des institutions justes, caractérise tout particulièrement l'ensemble de la visée éthique selon Ricœur. Le souci de soi se traduit par le souci pour soi-même, qui comporte une dimension téléologique, comme dans l'éthique aristotélicienne. Ricœur appelle cela l'«estime de soi». Et le souci des autres est défini par le terme de «sollicitude», qui suggère un mouvement de soi vers autrui. Dans cette contexte, la troisième composante de la visée éthique concerne donc le chacun ou le tiers: «à chacun son droit». La question pour nous est de savoir comment reconnaître à chacun ses droits. Cette question est liée à celle des institutions justes. Pour la mettre en relief, nous voudrions la confronter avec la question de la communauté chez Emmanuel Mounier. Nous tenons à préciser que notre réflexion fait sienne la perspective de Ricœur, qu'elle s'appuie sur les études de Ricœur concernant la pensée de Mounier.
Bref, la limite de la perspective de Mounier correspond au fait qu'elle se fonde sur la dialectique de la personne et de la communauté. A la différence de la pensée de Mounier, la position ricœurienne nous paraît plus complexe, car elle comporte trois termes: estime de soi (souhait d'une vie accomplie), sollicitude (avec et pour les autres), institutions justes. En d'autres termes, la formule de Ricœur fait droit à la question des institutions justes, tandis que la philosophie de Mounier en reste à la question de la communauté.